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"KAISAPOLYBLOG" " BLOGGLOBTROTTEUR "
23 décembre 2011

RDC: ÉLECTIONS





 

 






 

Compilation des résultats
législatifs: la CENI se rétracte
(Le Potentiel
23/12/2011)


Les aiguilles de l’horloge se sont arrêtées à la CENI. Du
moins au niveau de la compilation des résultats des bureaux de vote. Elle
accepte enfin que la communauté internationale lui apporte son expertise afin de
garantir la transparence du processus électoral. Réticente jusque-là, la CENI
vient de lâcher du lest. Elle s’est rétractée. Désormais, un nouvel acteur entre
en scène : la Mission d’observation des Nations unies pour le Congo, Monusco.
Les remarques de différentes missions d’observation, les appels des
gouvernements des pays amis et la dernière alerte donnée par le sénateur Modeste
Mutinga n’ont donc pas laissé la CENI indifférente. Mais….

Dans un
communiqué remis à la presse, le Bureau de la Commission électorale nationale
indépendante, CENI, a décidé de la suspension des résultats partiels portant
élections législatives 2011. Cette décision se justifie par une montagne de
réclamations dénonçant des irrégularités commises au niveau de la compilation.
Graves irrégularités dont se rendent coupables les agents de la CENI, manipulés
par certaines personnalités, des candidats ou autres formations politiques.


Dans le souci de transparence, selon la CENI, elle est allée plus loin,
se disant, enfin, disposée à bénéficier de l’expertise de la communauté
internationale dans cette perspective de crédibiliser le processus électoral. La
CENI a décidé de suspendre les opérations de compilation des résultats de tous
les Centres Locaux de Compilation des Résultats (CLCR) en cours de traitement.
Les CLCR ayant terminé les opérations de compilation et transmis les
procès-verbaux et les fiches de compilation sont invités à s’abstenir de
procéder à l’affichage des résultats. But poursuivi : permettre au bureau de la
CENI d’examiner les réclamations en contestation de la régularité des opérations
de compilation des résultats dont il est saisi.

Dans la foulée, la CENI
indique que la publication des résultats est désormais subordonnée, le cas
échéant, par l’examen des contestations dont le Bureau est saisi et a délibéré.
Toutefois, elle informe l’opinion qu’elle continuera à publier les résultats
partiels des CLCR ayant clôturé la compilation, transmis et affiché les
résultats et dont les opérations n’auront fait l’objet d’aucune réclamation.


La CENI s’appuie sur les dispositions des articles 20 et de la loi
organique n°10/23 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de
la CENI, et de la loi n°11/003 du 25 juin 2011 modifiant la loi n°06/006 du 9
mars 2006 portant organisation des élections présidentielle, législatives,
provinciales, urbaines, municipales et locales.

Décision sage qui
rencontre les préoccupations de nombreux compatriotes ainsi que des partenaires
extérieurs. Notamment les Etats-Unis, l’Union européenne et la MONUSCO. Ces
derniers, on le sait, après avoir pris connaissance du rapport des missions
d’observation qui se sont déployées en RDC dans le but de superviser les
élections, ont justement relevé ces graves irrégularités qui ont fortement
entamé la confiance de la CENI et la crédibilité du scrutin.

Mais pour
des raisons connues d’elle seule, et certainement dans cette arrogance
d’organiser les élections «par défi», mauvaise appréciation et erreur
monumentale aux conséquences imprévisibles, la CENI s’était montrée radicale.
Refusant d’entendre la voix de la raison, de la sagesse, de la justice et de
l’équité.

Voilà qu’elle a fini par lâcher du lest. Elle s’est résolue de
rejoindre «la majorité silencieuse» en décidant de la suspension de la
publication des résultats partiels et proclamer sa disponibilité à bénéficier de
l’expertise de la communauté internationale.

MAIS…

Reste
maintenant à savoir comment les choses se passeront. Va-t-on recommencer à zéro
la compilation des résultats législatifs ou entérinerait-on les résultats déjà
publiés ? Aujourd’hui que la CENI accepte ses propres turpitudes, comment se
sent-elle ? Quelle sera l’attitude du gouvernement, de la CENI envers cette même
communauté internationale dont les missions d’observation ont publié des
rapports aussitôt rejetés par les autorités congolaises ? Vont-ils accepter les
résultats corrigés avec le concours de la communauté internationale ?...


Il est un fait que cette suspension, ce recomptage des voix, prouve à
suffisance que le processus électoral a été vicié. On ne peut donc valider les
premiers résultats publiés des législatives. Surtout que l’on rapporte que les
agents de la CENI ont subi des pressions énormes, qu’ils ont même été les
artisans de cette falsification en plus de cette rumeur qui fait le tour de
toute la RDC selon laquelle une liste contenant les noms de plus de 250 députés
a été déposée à la CENI avec injonction de voir cette liste-là retenue. Ce qui
permettrait à un certain parti politique de disposer de la majorité
parlementaire pour prétendre à la Primature.

La décision de la CENI
entraîne également des conséquences collatérales. Notamment, la perturbation du
calendrier électoral, le retard dans la mise en place des institutions de la
République issues des élections 2011, l’alourdissement de la charge financière.
La communauté internationale a-t-elle accepté d’apporter une rallonge budgétaire
?

Dans l’hypothèse d’une réponse négative, la CENI a-t-elle les moyens
de faire face à cette nouvelle donne, entendez l’implication de la communauté
internationale, contre laquelle elle s’est insurgée il n’y a pas longtemps ?


Il y a également le préjudice causé aux différents candidats tant à
l’élection présidentielle que législatives pour autant que ce furent des
élections en un seul tour. Jusqu’à quel niveau les irrégularités constatées au
niveau législatif se répercuteront-elles sur tout le processus électoral ? Mais
le plus important dans tout cela, c’est la perte en vies humaines. Qui portera
le chapeau ?

Puisqu’il n’est jamais trop tard pour mieux faire, la
contribution de la communauté internationale devra avoir pour objectifs de
rétablir la transparence, c’est-à-dire, la vérité des urnes ; de maintenir le
processus électoral sur les rails pour qu’il aille jusqu’à bon port. Mais
surtout de permettre que les institutions nationales soient représentatives et
reflètent réellement la volonté du peuple congolais.

Le moment est venu
de songer déjà aux prochaines étapes. Notamment, les élections provinciales,
municipales et locales. Etapes importantes pour autant qu’elles constituent la
base de tout pouvoir. A l’allure où allaient les choses, pas étonnant que des
effets d’entraînement se ressentent à ce niveau et de façon explosive. Or, la
pagaille à ce stade, à la base, c’est la destruction de tout un peuple, de tout
un Etat, de toute une Nation.

Fait plus grave, ces irrégularités,
certainement voulues sur fond de la boulimie du pouvoir, ont dénaturé les
concepts «élection» et «vote». Ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences
tout aussi graves sur les prochaines échéances électorales ainsi que le
processus de démocratisation en RDC.

 


© Copyright Le
Potentiel

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