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"KAISAPOLYBLOG" " BLOGGLOBTROTTEUR "
4 janvier 2012

RD Congo: Un seul pays, deux présidents(Afrique





 

 






 

RD Congo: Un seul pays, deux
présidents
(Afrique en ligne
04/01/2012)


C'est la deuxième fois en moins d'un an qu'un pays africain
se retrouve avec deux présidents de la République. L'un est déclaré vainqueur
par la Cour suprême et l'autre s'est autoproclamé «président élu», rejetant
catégoriquement les résultats officiels qu'il a jugés trafiqués. Le 20 décembre
dernier, Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, a prêté serment pour entamer son
second mandat présidentiel.

Au même moment, l'éternel opposant Etienne
Tshisekedi a prêté aussi serment chez lui à Minete, en présence de nombreuses
personnalités de l'opposition. Cette cérémonie a tourné court puisque les forces
de sécurité et les éléments de la garde républicaine ont bloqué tous les accès
menant à la résidence de Tshisekedi. La République démocratique du Congo se
retrouve ainsi dans une véritable impasse, semblable à celle qui avait marqué la
Côte d'Ivoire au lendemain de la présidentielle de 2010, à la suite de laquelle
ce pays s'est retrouvé avec deux chefs d'Etat, Alassane Ouattara et Laurent
Gbagbo. La seule différence qui existe entre la RDC et la Côte d'Ivoire c'est
que la communauté internationale a pris position en faveur du candidat de
l'opposition à Abidjan (Alassane Ouattara) l'aidant même militairement pour
détrôner le président sortant Laurent Gbagbo, aujourd'hui en prison à La Haye,
en attendant d'être jugé par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre
et crimes contre l'humanité.

En RDC, Joseph Kabila, le président réélu,
selon les résultats validés par la Cour suprême, a reçu le soutien de la
communauté internationale qui semble le préférer à son rival Etienne Tshisekedi,
considéré peut-être trop vieux (80 ans) pour diriger ce jeune pays de l'Afrique
équatoriale, né à la fin du siècle dernier de l'éclatement de l'ancien Zaïre.
Joseph Kabila est parmi les plus jeunes présidents du continent africain. Il a
accédé au pouvoir au lendemain de l'assassinat de son père, l'ancien président
Laurent Désiré Kabila, en janvier 2001, lors de la deuxième guerre du Congo.
Mais il s'est fait élire le 27 novembre 2006, à l'issue de la première élection
plurielle dans le pays. Joseph Kabila a fondé en 2002 le Parti du peuple pour la
reconstruction et la démocratie. Et c'est justement au nom de cet objectif de la
reconstruction du pays qu'il a voulu briguer un autre quinquennat. Le soutien
étranger à la victoire de Kabila s'est également fait par ce motif de la
reconstruction de ce jeune pays qui a vécu sous les guerres successives et les
millions de morts et de réfugiés durant plusieurs décennies.

En dépit de
cet appui indirect au président réélu, Etienne Tshisekedi ne perd pas espoir et
reste convaincu que le peuple congolais est avec lui. Le vieux loup, comme
l'appellent certains, n'est pas près d'abandonner son rêve de devenir un jour le
président de la RDC. La présence de la Mission onusienne du maintien de la paix
(Minesco) en RDC constitue peut-être un moyen de stabiliser le pays et d'éviter
une nouvelle guerre civile qui serait fatale pour Kinshasa. L'Union pour la
démocratie et le progrès social (UPDS) de Tshisekedi, soutenu par d'autres
partis de l'opposition se tient prêt à une éventuelle guerre. Tshisekedi a
indirectement menacé de recourir à la force, en appelant ses militants à se
tenir prêts en cas de nécessité. A l'approche de l'annonce des résultats des
législatives, scrutin tenu en même temps que la présidentielle, la tension est
montée d'un cran, poussant à l'arrêt de l'opération du décompte des voix
quelques jours avant les fêtes du nouvel an.

L'opposition, à sa tête
l'UPDS, a contesté les chiffres partiels d'une quarantaine de centres de
compilation sur un total de 169 proclamés par la Commission électorale nationale
indépendante (Céni), dont des membres avaient été temporairement arrêtés par les
forces gouvernementales à la veille de la présidentielle du 28 novembre 2011. La
menace de l'Union européenne qui a émis des réserves sur la transparence des
résultats de la présidentielle a contraint indirectement la Céni à suspendre
l'opération de dépouillement qui a carrément fait appel aux experts américains
et britanniques chargés de garantir la transparence du processus, selon la
presse Congolaise. Les résultats des législatives qui doivent être annoncés le
13 janvier prochain pourraient être reportés, à cause de nombreuses plaintes
déposées par plusieurs candidats parmi les 19 000 qui se disputent les 500
sièges de l'Assemblée, a rapporté le site électronique Afreeknews. «C'est un peu
bizarre de faire venir ces experts seulement pour les législatives. Les deux
élections se sont passées le même jour, dans les mêmes bureaux de
vote.

On ne peut pas dissocier les deux scrutins», a déclaré Albert
Moleka de l'UPDS. Le camp d'Etienne Tshisekedi a appelé, en fait, ces experts à
revoir aussi les résultats de la présidentielle mais cela prendra des semaines
dans un pays en plein apprentissage du jeu démocratique comme dans la majorité
des Etats du continent noir. Ces experts ont-ils entendu l'appel du vieil
opposant ? La communauté internationale devrait-elle intervenir diplomatiquement
pour refaire une nouvelle élection en RDC et financer la présidentielle ? Cela
ne semblerait pas le cas mais aucune solution n'est encore proposée pour tenter
de désamorcer une crise politique qui risque de virer vers l'affrontement armé.
La situation n'est pas irréversible et les choses pourraient, par ailleurs, se
retourner contre le président réélu dont l'entourage n'a pas cessé d'intimider
certains partisans de l'opposition et de museler les médias. Un rapport d'une
ONG locale a fait état de l'«escalade de la répression» contre les médias,
depuis le déclenchement de la crise postélectorale. L'ONG Journaliste en danger
(JED) a affirmé avoir «recensé et documenté au moins 160 cas d'atteintes
diverses à la liberté de la presse dont près de la moitié enregistrés pendant la
période électorale», d'octobre à décembre.

«JED note avec une grande
inquiétude que l'étau se resserre chaque jour un peu plus autour des médias à
Kinshasa et en province», et a dénombré plusieurs «attaques armées contre des
maisons de presse», déplorant «l'interdiction des émissions et la fermeture des
médias proches de l'opposition», a noté encore le rapport publié fin décembre
dernier. En attendant donc de trouver une issue favorable à la crise politique
congolaise, les parties en conflit campent sur leur position. Le pire est en
fait à craindre pour les jours et semaines à venir en RDC. Pourra-t-on éviter
une nouvelle guerre sur le continent africain ?

Lyes Menacer

La
Tribune

 

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