RDC-AFRIQUE : Augustin Dokolo Sanu

CARTE DE VISITE d'un Entrepreneur

Augustin Dokolo Sanu

Kaisa Ilunga

Partagé en mode public  -  2 mars 2016

Retour au bercail d'oeuvres d'art africain. Le grand collectionneur, Dokolo fils, a sûrement hérité de son père l'amour de l'art africain, des sculptures, la beauté du beau et l'expressivité d'un laid traditionnel des Bifwebe par exemple. En dehors de cette qualité, le père fût l'un des premiers banquiers africains aux ambitions éléphantesques qui'il a réussi à mettre en oeuvre, doter son pays d'une banque donnant une indépendance, une autonomie dans sa gestion économique. L'homme d'affaire congolais, d'une intelligence en éveille avait réussit à ouvrir des succursales de sa banque sur toute l'étendue de la République et réalisé des chiffres d'affaires convaincants, seulement voila, il y a eu le tâtonnement d'une République empressée à nationaliser, de zairianiser, une étape des plus sombres qui sèmera un désordre dans le paysage des affaires. Dokolo Sanu faisait partie des rares personnes qui étaient en avance sur le temps dès par l'audace , l'intelligeance mais aussi et surtout la prise de conscience à l'autogestion et la prise en main de son destin, sans compter sur une quelconque aide de l'étranger monnayable et asservissante créant la dépendance. Très tôt, il a voulu inculqué aux congolais la prise en charge de leur destin; c'est sous ce moto qu'il a réussit à doter les sociétés dont il était propriétaires des structures solides qui constituaient la charpente en béton armé des affaires florissantes. Très apprécié pour son savoir faire et des capacités de créations et d'organisations voire de gestions extraordinaires. L'homme était aussi jalousé et par des congolais et bien entendu par des concurrents expatriés. La RDC ne peut oublier  ni ignorer des personnalités de la trempe de Augustin Dokolo Sanu, un entrepreneur hors pair. Nous nous en souviendrons toujours pour la fierté et l'esprit d'ambition qu'il a insufflé, jadis dans nos têtes de jeunes congolais en quête d'idées nouvelles, un modèle d'origine, un fils du pays veinait de démontrer aux yeux du monde que tout était possible pourvu que l'on réunisse le savoir faire et l'expérience plus d'autres qualités dont il détenait le secret. La Banque de Kinshasa fût une grandiose réalisation ayant servi d'exemple sur le continent africain et européen, la BK dont il était l'architecte. L'homme, étai un touche à l'art traditionnel auquel il vouait un grand amour, collectionneur d'avant garde d'oeuvres d'arts, exposés dans sa banques, il y était attaché et chérissait la valeur de l'identité congolaise et africaine que représentait et représente la sculpture. Amoureux de la musique, joignant l'utile à l'agréable, il aura entres autres affaires es dancing oú évolueront des vedettes de la trempe de Manu Dibango à ces débuts...enfin ci émmargé, un gros plan, une carte de visite de l'illustre disparu est brossée sur cette page. 

kaisa ilunga 

C' est ici que cette grande réalisation va battre de l'aile et sera freiné dans son élan et dans la fierté qu'elle donnait à la jeune République. C`est un peu cela que j'ai retenu en consultant la carte, la prestigieuse carte de visite d'un congolais de la 1ère heure dont il faut se rappeler, Dokolo père fût une grande pointure et une personnalité incontournable dans le monde des grosses affaires mais aussi et surtout dans l'éveil de l'intelligentsia congolaise et africaine , un lève tôt dans la maturité d'une Afrique en émergence. kaisa Ilus

Parler de la biographie de Feu Augustin Dokolo Sanu n’est pas chose aisée. Très peu de gens connaissent les détails de sa vie privée. En effet, il est plus connu pour ses œuvres et ses nombreuses réalisations.

Augustin Dokolo était avant tout un self made man à l’énergie débordante, un passionné de l’Afrique et des arts.

Récemment interviewé sur Radio France Internationale Manu Dibango raconte que sa carrière a commencé à Léopoldville, non pas avec le musicien Kabasele, mais avec un jeune banquier du nom d’Augustin Dokolo. Avant l’indépendance, il possède déjà une compagnie de taxis et un Dancing réputé. Très attiré par le milieu artistique, il participe au film Les Aventuriers du Kasaï d’Yves Allégret avec Jean Lefebvre et Nicole Courcel qui est présenté au Festival de Cannes1962. Peu de temps après il développe une chaîne de magasin avec des ramifications à l’étranger.

En 1967 il fait la rencontre de Hanne Dokolo qui deviendra sa femme. Elle travaille en tant que gérante du dispensaire de la pharmacie pour la Croix Rouge Danoise. De cette union naîssent trois enfants : Manzanza, Sindika et Luzolo.

En 1969, Augustin Dokolo entreprend ce qui restera sa réalisation la plus ambitieuse : la création de la Banque de Kinshasa (BK). C’est la première banque à capitaux nationaux en Afrique subsaharienne. Avec un capital initial de 300.000 Zaïres, l’équivalent de 600.000 dollars, qui a atteint 10.474.875 Zaïres en 1983.

Pendant plus de seize années, cette entreprise à réussi à évoluer au gré des contraintes économiques de son temps. En 1974, la Banque de Kinshasa est victime des mesures de radicalisation. Mais l’Etat congolais se ravise et restitue la Banque en 1976 en reconnaissant à M. Dokolo Sanu tous ses droits sur ladite banque. La BK emploie plus de 1.500 personnes dans le pays en 1984. Grâce à un réseau d’une vingtaine d’agences réparties à travers le pays, elle permet de favoriser le développement économique dans un contexte difficile.

Persuadé que les Congolais doivent prendre en main leur destin eux-même et parvenir à s’affranchir de l’aide occidental, il applique ses propres préceptes et cré de nombreuses sociétés. Ces dernières interviennent dans des domaines aussi variés que l’agriculture et l’élevage, la pêche, l’exportation de café, l’immobilier, la distribution de biens de consommation, le transport de marchandise, l’imprimerie, les assurances, les mines, la distribution de véhicules… Au total 17 sociétés.

Cet esprit d’entreprise lui permet de devenir le 2ème. exportateur de café du pays. Il construit une ferme situé à 130 km de Kinshasa qui compte 50.000 têtes de bétail élevés en "free ranging", et une autre avec 5.000 porcs et une charcuterie moderne. Ceci devient vite ce que l’on appelle "L'Empire Dokolo" qui emploie plus de 10.000 chefs de famille à travers le pays.

Malgré de nombreuses sollicitations, il n’aura jamais accepté de poste gouvernemental, préférant se consacrer à ses activités de chef d’entreprise.

En 1985, la banque doit faire face à un accroissement important de ses dettes vis à vis de la Banque Centrale. Ledit découvert est principalement constitué des intérêts débiteurs, des intérêts  sur intérêts ainsi que des pénalités faramineuses que la Banque Centrale percoit chaque mois.

M. Dokolo est donc contraint de céder de nombreux biens immobiliers afin de couvrir les dettes de ses sociétés envers la BK, puis d’apurer les dettes de la BK envers la Banque Centrale.

A la surprise générale, la Banque de Kinshasa est placée sous gestion administrative le 17 février 1986. Les immeubles cédés en vue de la couverture des dettes sont extournés. La BK n’est pas restituée à ses actionnaires à la fin de la période légale de mise sous gestion administrative, elle est nationalisée et l’intégralité de son patrimoine est transféré à la Nouvelle Banque de Kinshasa. Toutes les sociétés de M. Dokolo Sanu seront cédées à l’UNTZa, par simple lettre du Directeur de cabinet du Président Mobutu.

M. Dokolo Sanu ne se sera jamais remis de cette spoliation organisée. Il tombe malade peu de temps après et décéde à Paris le 12 avril 2001.

Malgré ce destin tragique, la famille Dokolo est restée unie et soudée.

Hanne Dokolo est nommée en 2005 consul général honoraire de Norvège.