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"KAISAPOLYBLOG" " BLOGGLOBTROTTEUR "
2 août 2016

RDC: POURQUOI UNE SOUVERAINETE TROUBLEE ?

RDC: POURQUOI UNE SOUVERAINETE TROUBLEE?

 

RESPONSABILITES DES BELGES OU DES CONGOLAIS ?

En cette année du 56eme Anniversaire de l’indépendance de la RDC, nous devons nous interroger sur la marche du Congo et de la Belgique au cours de ce temps qui correspond déjà à celui de la colonisation pendant lequel nous avons vu la formation de l’Etat Congolais politiquement et administrativement sans oublier son industrialisation et son ouverture à la civilisation dite universelle.
Nous allons, dans la mesure du possible selon nos observations depuis 1960 jusqu’à ce jour pour ce qui est du Congolais independant, tandis que pour les Belges, nous remonterons a la colonisation depuis 1908 jusqu’à l’heure actuelle.
Il y a quelques années déjà, j’avais lancé un texte sur l’idée de la création d’une communauté belgolaise entre les deux pays. J’ignorais en ce moment-là que cette idée était déjà vieille d’avant l’indépendance émise en 1952 par l’ancien Gouverneur Général Cornelis. On y reviendra. Une chose est certaine, la plus grande responsabilité incombe à la Belgique qui s’est placée en travers le chemin du développement du Congo et ce, par tous les moyens et à n’importe quel prix. Comme qui dirait l’indépendance du Congo était restée une pilule amère pour la Belgique tout comme celle de la Belgique était aussi mal vue par la Hollande en 1830 ?
Or, l’on sait très bien que l’indépendance du Congo comme celles des autres Etats non-autonomes jadis, avaient été inclues dans le Chapitre XI, article 73 de la Charte des Nations-Unies dès la création de cette organisation à San Francisco en 1945 au lendemain de la Grande Guerre. Cette charte sera ratifiée par la Belgique en décembre de la même année. Voilà le point de départ de l’indépendance du Congo que la Belgique va simplement retarder à cause de ses hésitations et sa résistance aux assauts de l’ONU pendant toutes les années 50. Lorsque les mouvements internes et les politiques commencent à tout bousculer, les colons exigeant leur part dans la gestion de la politique coloniale au Congo, les évolués présentant des manifestes sans arrêt, jusqu’en 1956 quand la Conscience Africaine et ABAKO présentent leurs manifestes, a quelque intervalle, Cornelis est aux abois. Il tente de jouer au dur et retarde encore le jeu.
Dans l’entre-temps, le Professeur Van Bilsen sortira en 1955 un plan de 30 ans pour préparer l’indigène à s’administrer comme stipulé dans le Chapitre 73 alinéa (e) de la Charte de l’Onu. Il est ignoré. Et lorsque plus tard, il dira que son plan aurait pu éviter des troubles autour de l’indépendance, Cornelis objectera qu’on n’avait pas besoin d’écouter un inconnu qui n’avait rien à voir avec la politique. Donc, il avait fallu attendre jusqu’en 1959 pour donner, dans la précipitation l’indépendance pour des raisons plus pour la sécurité des Belges du Congo que pour le plaisir des Congolais. Premier rendez-vous manque dans les relations de la communauté belgo-congolaise.

 Or, on sait que les indépendances étaient déjà légion en Afrique et dans le monde. Le Ghana, ancien Côte d’Or, était déjà en transition pré indépendance en 1951 et deviendra indépendant en 1957. La Guinée de Sékou Touré  sera indépendante en 1958, le Congo Brazzaville avait ses indigènes dotés du droit de vote. Mais pour la Belgique, il y avait plus de mépris pour les indigènes du Congo Belge, pays qu’elle avait pourtant considéré, non sans fierté, comme COLONIE MODELE. Allez-y comprendre quelque chose!

 NEGOTIATIONS DE L’INDEPENDANCE AVEC LES CONGOLAIS : UNE SORTE DE BOUFFONNERIE

 Dès les négociations de l’indépendance a la table ronde de Bruxelles, ou les délégués, même les plus illettrés sont présents ne comprenant rien a rien parce que la plupart sélectionnés pour représenter leurs tribus ou parler le langage des colonialistes, la Belgique va mettre le paquet. Toutes les SOCIETES CONGOLAISES A CHARTE comme la BCB – Banque du Congo Belge -, sont raflées sous la signature des conférenciers congolais à la Table Ronde économique d’avril 1960. Mobutu était a cette conférence comme agent de la sécurité belge. Raison pour laquelle, il brandissait le Contentieux Belgo-Congolais a chaque fois qu’il sentait que le gouvernement belge voulait le confronter. Et il s’arrangeait pour mettre le peuple zaïrois contre la Belgique.

Malgré la perspicacité de Kasavubu qui mettra les autres leaders au courant du danger qui les guettait en allant assister à la Table Ronde Economique de peur qu’étant encore colonises, ils n’auraient pas  accès à certains dossiers sensibles. Il fallait attendre la proclamation de l’indépendance pour traiter avec la Belgique en tant que partenaires et non comme colonisés. Le refus et l’empressement des Congolais  dictés par l’observation de mauvaise foi de la part de la Belgique, cette conférence va avoir lieu au grand dam du Congo Belge. Toutes les sociétés congolaises à charte vont passer à la Belgique. C’est de là  que naîtra le fameux CONTENTIEUX BELGO-CONGOLAIS, lequel n’a jamais connu de dénouement et représentant des milliards que la Belgique devra au Congo tôt ou tard. Et pourtant, il y avait moyen d’arranger cela amicalement. Mais l’attitude raciste des gouvernants belges a toujours été de ne pas considérer les Congolais comme interlocuteurs valables préférant les PIKININI ou les béni oui oui. Le temps est passé mais les problèmes ont une peau dure. Les Congolais ont écrit des livres et des textes qui seront consultes par les générations futures qui continueront à réclamer le règlement de ce contentieux.

Mais ce contentieux n’est pas seulement constitué des sociétés congolaises à charte. La Belgique l’a grossi avec une fausse dette de guerre réclamée au Congo et que Mobutu aurait payé plus de deux fois ! L’histoire est connue que la Belgique, grâce à l’effort de guerre de par sa colonie qui a fourni beaucoup de matières premières nécessaires à la fabrication du matériel de guerre et aussi grâce à la monnaie forte qu’était devenue le FRANC DU CONGO BELGE, la Belgique donc, va sortir tête haute de la guerre sans une dette ! C’est dans l’histoire. La question est de savoir d’où était sortie cette dette sur la guerre et la colonisation ? Et elle a été payée plus de deux fois d’après notre compatriote Kwebe Kimpele, journaliste et chercheur. Thèse soutenue dans l’ouvrage « Le Conflit Belgo-Zaïrois » par Cécile Goudou qui  démontre avec preuves que l’endettement de l’ex-colonie vis-à-vis de la métropole belge est sans fondement réel.

 Elikia Mbokolo dans le même ouvrage nous fait découvrir comment la colonisation belge voulut arrêter l’évolution de classes laborieuses indigènes devenues dangereuses par une politique d’inspiration éminemment raciste : « Ill fut un temps où nous nous imaginions que nos sujets africains évolués s’assimileraient rapidement et sans grande difficulté les principes essentiels de notre culture européenne et nos conceptions du droit public. Cela devait se faire, pensions-nous, par l’exemple et par des prescriptions légales appropriées, par l’enseignement, par la conversion religieuse, par les bons conseils…Telles étaient nos illusions….

Notre pensée politique, est nourrie d’abstractions, de principes, de textes et de règles : droit, liberté, progrès, justice, égalité. Le nègre, au contraire, ne possède pas des conceptions abstraites. Il ne connaît que des actes et des faits…La mentalité indigène est peuplée d’une foule de fantômes …Tenant compte de cette mentalité particulière, notre politique à l’égard de nos sujets noirs est basée sur le respect de leurs institutions. Nous nous appliquons à diriger les nègres, conformément à la tradition de leur propre race et dans leur propre langue…En d’autres mots, nous ne nous obstinons pas à vouloir former une imitation d’Européen, un Belge Noir, mais bien un Congolais meilleur, c’est-à-dire, un nègre robuste , bien portant et travailleur, fier d’une tâche consciencieusement accomplie, respectueux de la collectivité à laquelle il appartient, un nègre conscient de ses devoirs vis-à-vis de ses congénères et vis-à-vis de l’autorité ne négligeant de remplir ni les uns ni les autres ».
C’est le langage de ceux qui sont venus apporter la civilisation au Congo.  Mais faute de pouvoir contrôler l’évolution des indigènes, la théorie du Congo, COLONIE MODELE, va se transformer en critiques contre le nègre évolué. « Ces demi-savants qui, fiers du pauvre bagage dont leur faible cerveau est garni, sont tentés de se croire les égaux des Blancs et capables de les remplacer. Ces pauvres faquins, mécontents de ce que leur prétendu mérite n’est pas reconnu, sont fort exposés à laisser envahir leur esprit par ces idées subversives d’origine étrangère qui s’infiltrent dans le pays où ils peuvent devenir, si on n’y veille, des fauteurs de troubles ».
Cette attitude raciste semble avoir dicté la politique du gouvernement colonial dirigé par Cornelis, devenu gouverneur général en 1949, politique de petits pas et d’hésitation a émanciper les nègres. D’après Cornelis, la situation de créer la communauté belgo-congolaise, bien que sienne, n’était pas d’actualité. Il traînera les pieds jusqu’à se faire surprendre par les memos des Congolais en 1956 ! Pour lui, ce n’était toujours pas le moment d’émanciper les noirs du Congo. Trois années plus tard, la Belgique accordait dans la précipitation l’indépendance aux nègres qu’elle n’avait jamais voulu associer au blanc belge.

 Ceci n’est pas de la rancœur mais une simple manière de démontrer les erreurs des uns et des autres dans l’histoire commune de la Belgique et sa colonie. Ce triste passé aurait été aplani dans le renouvellement de la vision entre la Belgique et le Congo. C’est dommage que la Belgique ait choisi de se mettre en travers de l’évolution du Congo comme pour le punir pour avoir demandé l’indépendance. La Belgique avait simplement manque la volonte de revoir sa vision spécialement en matière de coopération internationale à laquelle elle ne s’était jamais préparée après l’indépendance du Congo Belge.    

QU’EST-CE QUE LA BELGIQUE A RATE DANS LA NON COOPERATION AVEC LE CONGO ?

 Par l’attitude anti-Congo, son ancienne colonie, la Belgique est passée à côté de sa grandeur contenue dans la Brabançonne. « Le siècle marche et pose ses jalons nous marquant une étape nouvelle. Nous le suivons et nous nous rappelons nos aïeux et leur gloire immortelle. Si ton sol est petit, dans un monde nouveau, l’avenir qui t’appelle à planter ton drapeau, marche joyeux, peuple énergique, vers un destin digne de toi… La Belgique n’est pas devenue une grande puissance qu’elle était appelée à devenir avec sa colonie du Congo, mais simplement une ancienne métropole du Congo par qui l’on passe pour l’associer à tous les problèmes concernant le Congo. Les  gouvernants belges se contentent de faire de la Belgique un pays commissionnaire sur les intérêts que d’autres puissances tirent aujourd’hui du Congo.

D’abord, quelques faits pour démontrer la genèse des problèmes entre la Belgique et ses colonises.

 Au fait, la Belgique, avec la coopération belgolaise, aurait été une grande puissance économique et industrielle en Europe. La Belgique avait préféré par contre se constituer en déstabilisatrice du Congo perdant de vue qu’elle se déstabilisait elle-même par un manque à gagner considérable qu’elle aurait pu gagner par une collaboration honnête avec son ancienne colonie. Puisque les Congolais ont compris cette attitude belge, ils ont préfère se diriger vers d’autres partenaires qu’ils considéraient comme plus amicaux. La France, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Chine, le Japon et la liste est longue. Résultat, l’influence belge au Congo s’est effritée au profit des autres nations qui ne considèrent plus la Belgique comme une grande puissance indispensable pour leur coopération avec le Congo.
Il faut cependant, faire la part des choses. Lorsque nous disons la Belgique, les Belges, nous risquons de commettre une erreur d’appréciation. Puisque le peuple belge semble ignorant de la réalité, un certain nombre de Belges, gouvernants comme hommes d’affaires, se sont organisés au nom de la Belgique pour faire leurs propres affaires au Congo tout en brandissant le nom de la Belgique et de son peuple ternissant ainsi davantage l’image de ce royaume déjà entamée par un passe pas très élogieux en termes des relations bilatérales entre les deux pays. 
L’idée de la communauté belgolaise que j’avais même partagée avec l’ancien Député Belge Laurent Louis après l’avoir publiée sur la toile, était passée sous silence, considérée par d’aucuns comme une boutade. Et pourtant j’avais pris soin de réserver une copie à Marie-France Cros et a Colette Braechman, les journalistes belges les plus intéressées aux problèmes du Congo. Pas un écho et pourtant l’idée remontait aux années cinquante déjà avec Cornelis et je l’ignorais.
En ce qui concerne les Congolais qui ont eu cette indépendance dans la précipitation, la faute ne pouvait être la leur du moment où la maturité inferieure dont ils étaient l’objet dépendait du colonisateur qui devait les préparer à cette indépendance avec lui et non contre lui. A force d’être trop prudent, le colonisateur qui savait que ces évolués étaient actuellement au courant des questions politiques du monde, n’avait pas voulu recadrer sa politique coloniale avec le rythme du monde. Il traînait les pieds et, l’impatience et le mépris à l’égard de l’indigène, ont précipité les événements.
Si la Belgique s’était décidée à réorienter sa politique congolaise, elle aurait pu industrialiser le Congo avec le concours des cadres congolais et de son Assistance Technique Belge (ATB), et faire de ce pays une puissance économique de l’Afrique Centrale tout en plaçant la Belgique à un niveau élevé tout comme à l’époque de la Deuxième Guerre Mondiale d’où elle est sortie sans dette alors qu’aux alentours, ses voisins ployaient sous le poids de la dette. C’est d’ailleurs pendant cette époque que l’Angleterre va passer son flambeau de l’hégémonie mondiale aux Etats-Unis, je vous recommande en passant la lecture de l’ouvrage LORDS OF FINANCES…
Mais au contraire, en bloquant l’épanouissement du développement du Congo en se plaçant à chaque fois contre les intérêts du Congo, les gouvernements belges ont privé le peuple belge d’une vie facile en Belgique ou il n’y aurait pas le problème de chômage. Congolais comme Belges seraient à l’aise dans les deux pays sans aucun problème.
C’est cela qui m’avait inspiré l’idée de la communauté BELGOLAISE en pensant au lien historique entre la Belgique et le Congo, au lien de sang par les mariages interraciaux qui ont produit des enfants avec parents de deux côtés et qui sont devenus adultes et mariés aussi entre eux. A cela il faut ajouter l’immigration congolaise en Belgique qui n’arrête pas. La Belgique est dépassée avec ses problèmes tribaux entre Wallons et Flamands, Bruxellois pris à témoins. Ma propre fille vit en Belgique avec son mari et ses enfants. Vous voyez le topo ? Pourrais-je insulter la Belgique ou lui souhaiter les malheurs pendant que ma descendance vit là-bas et y trouve le bonheur ?  Lors du bombardement à Zaventem, j’ai tout de suite appelé ma fille pour m’assurer qu’elle allait bien avec sa famille.
Est-il vraiment tard pour faire mieux les choses ? Je sais que c’est un grand débat qui n’appelle pas les souvenirs de triste mémoire mais, plutôt, ce qu’on aurait pu faire et surtout ce qu’on peut faire s’il y a encore de l’espoir. La nouvelle génération des Belges qui ignorent tout de la symbiose historique entre les deux pays devraient être à l’écoute et même participer à ce débat afin d’apporter des idées nouvelles en posant beaucoup de questions positives. Leur avenir dépend avant tout des relations privilégiées entre la Belgique et le Congo que leurs grands-pères ont foutu en l’air à cause du racisme qui ne finira d’ailleurs jamais jusqu’à la fin du monde. Comme c’est ridicule d’être raciste ! Que cette nouvelle génération pose la question aux mères belges qui aiment leurs enfants faits avec des Congolais et des pères belges aimant leurs enfants issus des mères congolaises. Ce sera très riche comme débat, je vous le jure ! 
Deux personnages belges aux deux antipodes : Laurent Louis et Louis Michel. Le premier, un jeune érudit né en Belgique défend le Congo à partir de son histoire avec son pays. Cela lui a coûté son siège au Parlement belge. Le deuxième, né au Congo à Kisangani, s’est porté en déstabilisateur du Congo dont il aurait été fier pour faire la promotion en Europe en sa qualité de Commissaire européen. Au contraire, Louis Michel a été de toutes les sauces amères pour les Congolais. Extraordinaire !

RESPONSABILITES DES CONGOLAIS

Puisqu’il est bien question d’un débat sérieux, nous devons avoir le courage de nous regarder en face et nous interroger sur l’apport de la colonisation et notre cheminement depuis le 30 Juin 1960.
Ici, permettez-moi de faire plus appel à ma propre expérience que j’exprime sans trop parler des on-dit. En 1960, j’allais sur mes quinze années d’âge. Ceci pour dire que je terminais mes études primaires l’année qui suivait. C’était normal à notre époque. Donc, j’ai été à cheval entre la colonisation et l’indépendance et peux comparer le fruit du colonialisme et la déconfiture de l’indépendance. En 1969 a 24, je suis devenu journaliste a la RTNC/Lubumbashi. C’est à partir de cette carrière journaliste, la première de ma vie et probablement la dernière, que je vais cultiver le sens de mes observations de la scène politique congolaise. C’était la quatrième année de prise de pouvoir par Mobutu. J’ai grandi pendant toute cette période de Mobutu jusqu’à devenir opposant à son régime, ce qui va me permettre mieux connaître ce régime a fond sur base des dossiers inédits. Je rappelle tout ceci afin de donner une idée de la validité de mes témoignages tels que je les ai vécus et compris.
LA COLONISATION BELGE DE 1909 A 1960 (51 ANS)

 Lorsque les Congolais évoquent la colonisation, le sentiment d’accusation contre la Belgique est placée très haut. Il est rare d’entendre parler d’un seul aspect positif de la colonisation. Même la guerre mondiale qui a décimé de millions d’êtres humains de 1939-1945, l’histoire distingue les inconvénients et les avantages lorsque, parlant du progrès technique et scientifique engendré par l’effort de guerre pour ne parler que de cela. Pourquoi les Congolais ne sont-ils qu’amers lorsqu’ils parlent de la colonisation comme si tout n’était que négatif ? Sommes-nous honnêtes dans ce cas ?

Il est vrai que nous avons dépeint le caractère raciste du gouvernant colonial belge au Congo et nous ne mentons pas. Plusieurs ouvrages d’éminents auteurs belges, congolais et autres américains et européens ont démontré le mal colonial au Congo.

Mais nous Congolais qui avons connu cette colonisation avant de passer de l’autre côté et de grandir en observant objectivement notre évolution, pouvons-nous garder la même rengaine de la colonisation ? Je vis actuellement aux Etats-Unis depuis près de vingt ans. Dès mon arrivée dans ce pays, je me suis intéressé aux Noirs. Je les ai trouvés avec la même chanson de l’esclavage. Je me suis étonné de voir qu’après plus de quatre siècles, ces gens vivaient toujours avec la rancune contre l’homme blanc pour l’esclavage. Passons, ce n’est pas le sujet du jour.

Revenons à notre colonisation par la Belgique. Tout en reconnaissant toutes les exactions, les colonialistes ont créé des infrastructures de sante, des écoles, des infrastructures économiques et autres. Nous reconnaissons que c’était pour leur bien avant tout afin de maximiser la rentabilité de la colonie. Nous sommes le produit de ces écoles vues globalement. Nous n’avons pas supprimé une seule connaissance apprise de la colonisation. Certains sont fiers de se rappeler de leurs professeurs belges que ce soit au secondaire ou à l’université. Ces colonialistes, après l’indépendance, ont octroyé des bourses d’études aux jeunes congolais pour aller étudier avec leurs enfants dans leurs propres universités en Belgique. Tout en vous dénigrant, les anciens colonialistes ont continué à vous former.
Y a-t-il meilleure façon d’aider quelqu’un en dehors de le former pour qu’il puisse manger a sa faim chaque jour qui passe ? Soyons honnêtes et reconnaissons qu’il n’y en a pas. Si nous disons oui, alors ca ne sert à rien d’ouvrir un tel débat. La vie est faite du savoir. Sans le savoir, elle devient médiocre. Comme je l’ai dit, les Belges, suivis d’autres pays occidentaux, ont fait de leur mieux pour aider a la formation de jeunes Congolais par l’octroi des bourses d’études. Ca a bien marche jusqu’au début des années 70. Je me rappelle avoir bénéficié d’une bourse française de la Coopération qui m’a amené à Paris. Par la suite, le gouvernement congolais, devenu zaïrois, va décréter la politique des quotas régionaux et demander aux gouvernements étrangers de remettre les bourses de leurs pays respectifs au Conseil Exécutif pour distribution.
Les formulaires vont maintenant circuler dans les mallettes et distribues dans les Nganda par les agents du Ministère de l’Education. Ce seront les enfants des…tantes, des oncles même s’ils ne sont pas dotés d’un niveau intellectuel pour des études universitaires. Tout le monde veut envoyer ses enfants en Europe. Résultat ? Apres une année académique infructueuse, la bourse est retirée. Mais l’étudiant infortune refuse de rentrer au Zaïre et rase les murs dans Bruxelles, Gand, Bruges, Arlon, Anvers etc…Etait-ce de la faute de l’ancien colonialiste belge ? Que non !

Au pays même, toujours au nom des quotas régionaux, l’enseignement subit un coup dur. Les étudiants membres de la JMPR sont privilégies des campus aux sociétés d’Etat ou ils sont désignés comme cadres supérieurs sans introduction.  Les Sociétés d’Etat en question deviennent régionalisées avec l’exclusion de certaines tribus qui sont censées avoir suffisamment été représentées jadis. L’armée subit le même coup. La plupart de jeunes officiers qui ne sont pas de la province de Mobutu sont congédiés de l’armée. Pendant que Mobutu et les siens se comportaient de cette façon, ils ne se rendaient pas compte qu’ils détruisaient systématiquement le pays ! Certains s’en défendent aujourd’hui et donnent des leçons à l’ensemble des Congolais. Les Katangais sont en train de commettre la même erreur aujourd’hui. La dernière en date est que les Katangais sont les seuls à assurer la CONTINUITE POLITIQUE DE KABILA comme si la Constitution qui stipule que la présidence est a deux mandats ne les concernaient pas. Tout cela c’est la colonisation belge en action !

N’y a-t-il pas de personnes assez intelligentes pour dire qu’on arrête cette comédie même si le pouvoir est détenu par un gars de ma tribu ?
En 1958, la Belgique va fêter le CINQUENTENAIRE de la colonisation. Qu’on ne raconte pas des bobards aux jeunes nés après l’indépendance. Toutes les infrastructures que nous avons jusqu’aujourd’hui et d’autres déjà délabrées faute d’entretien, datent d’avant le Cinquantenaire et nous avons du mal de chien a en créer de nouvelles ou très peu non viables d’ailleurs. Par contre, on a été champions a changer des noms alors qu’on n’avait rien fait d’extraordinaire. Les anciens kinois parlent de leur ville comme l’Europe Noire (Poto Moindo). Demandez aux anciens de Luluabourg, d’Elisabethville, Jadotville, Kolwezi ou j’ai fêté le fameux Cinquantenaire en 1958. J’ai vu construire l’aéroport de Kolwezi, la gare et la Poste, j’ai été associe à la construction du Cercle sur le boulevard, et l’Eglise a cote. J’ai vu construire le nouveau foyer social, l’internat des filles, la création du lac Kenya que nous surnommerons SODOME à cause du nombre des noyades d’enfants au début. J’ai vu construire l’Ecole Secondaire Moderne Saint Dominique Savio ou j’irai en 7e préparatoire sur les pas de nos aines les Lucien Tshimpumpu, Mutamba Dibwe, Tshimbalanga Kasonga, les Lumbala (ancien de l’ONATRA) etc…Tout cela entre 1952, annee ou je suis arrivé à Kolwezi et 1960 quand je quittais la ville pour le Kasaï ! En huit années, j’avais vu l’arrivée a Kolwezi de la locomotive électrique (Serpent du rail), l’adjudication d’eau de robinet dans chaque parcelle, l’avènement de fonds d’avance pour la construction des maisons en matériaux durables, la nomination des avenues avec les plates. Ma rue sera nommée Avenue Kafakumba, la rue de Ilunga Kaisa et son frère Baudouin Kabongo, mes cousins qui m’ont suivi a la RTNC. Ça c’est la colonisation.
Ceci n’est pas pour disculper les méfaits de la colonisation dans l’entendement de ceux qui ne voient qu’un seul côté de la médaille. C’est pour comparer le travail positif fait en une cinquantaine d’années par la colonisation à ce que le Congolais indépendant a pu réaliser.
Avec toutes les connaissances accumulées, l’ensemble des Congolais ne semble pas se mouvoir. Une question est à se poser pour en comprendre la raison.
1.  Il a été prouvé que l’enseignement colonial était pour nous apprendre à obéir et non à raisonner selon les recommandations de Léopold II aux Evêques belges en partance pour le Congo. Mais après l’indépendance, les Congolais ont été formes dans toutes les universités du monde et aujourd’hui nous avons d’éminents professeurs, médecins, docteurs en droit, ingénieurs civils, politologues, anthropologues, sociologues etc…pourquoi alors, on ne sort pas de l’engrenage ? Voyez les universitaires au Parlement et au Senat sans parler du gouvernement et des sociétés parastatales. Pourquoi ça ne marche pas ?
2. Qui ont fait une étude sociologique basée sur la futurologie pour se faire une idée de ce que nous aurons demain comme société congolaise compte tenu de tout ce que nous vivons aujourd’hui avec l’occupation par les pays voisins venus avec leurs cultures d’UBWENGE, des machettes, d’empoisonnement et de meurtres politiques ? Faudra-t-il imputer tout cela au colonialiste ? Peut-être direz-vous que ce que nous vivons est la résultante du néo-colonialisme. D’accord. Mais comprenez-vous le sens même du CAPITALISME ? Si vous n’êtes pas capable de défendre ce que vous avez, quelqu’un pourrait vous en délester. La tendance humaine est de s’accaparer de ce que l’autre possède. Si vous vous défendez bien, vous découragez le voleur. Sinon, il peut vous ravir tout ce que vous avez. C’est la loi de la nature.
Le débat est ouvert. Pourvu qu’il en sorte quelque chose de positif. C’est une occasion donnée aux Belges par les Congolais pour panser les blessures du passé avec amour pour les peuples belges et congolais et bâtir une puissance économique nécessaire pour les deux pays tout en demandant aux Congolais de faire une autocritique de leur vie comme individus et comme societe.

 Arthur Kalombo   

 

 

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