Le Dr Peter Blomeyer, ambassadeur de la République Fédérale de l’Allemagne en RD Congo, s’est entretenu hier jeudi 2 août 2012 en sa résidence avec la presse locale sur les principaux points d’actualité. Dans le lot des sujets débattus: la situation de guerre dans l’Est de la RDC entretenue par le Mouvement du 23 mars (M 23), l’appui du voisin rwandais, la coopération bilatérale entre la RDC et la RFA, la crise dans la zone Euro, etc.

Extrêmement préoccupée par la guerre qui sévit à l’Est de la RDC, a-t-il déclaré, l’Allemagne a condamné le M23, groupe qui menace la paix dans l’Est du Congo. « Notre pays a témoigné du soutien extérieur dont il bénéficie et demande sa fin. Nous savons de quel côté cela vient et nous avons de ce fait suspendu l’aide de 21 millions d’Euros que nous devrions apportée au Rwanda pour l’exercice 2012-2014. Aussi, nous avons demandé au Rwanda de cesser ce soutien et d’apporter plu tôt son appui aux solutions durables et paisibles dans la sous-région... », a précisé Peter Blomeyer.

Face aux attaques dont la Monusco a été victime de la part du M 23, l’ambassadeur a invité ce dernier au respect tant du mandat que du personnel de cette structure onusienne qui contribue à la paix. Très préoccupée davantage par la détérioration de la situation humanitaire dans le Nord-Kivu avec son corollaire des tragédies (meurtre, viol, pillage, etc.), l’Allemagne est révulsée par le recrutement des enfants, appelle les différents acteurs à respecter les droits humains et les exhorte à laisser les organisations humanitaires faire leur travail.

Concernant les différentes pistes de solutions de cette crise déjà émises, particulièrement l’établissement d’une force internationale neutre, le pays d’Angela Merckel soutient sa clarification lors de la prochaine réunion de Kampala. En clair, précise le diplomate, il importe de savoir son mandat, son coût, son financement, etc.

D’ores et déjà, il soutient la revitalisation de l’équipe des envoyés spéciaux Mkapa et Obansanjo afin de s’attaquer aux vrais problèmes car « la solution militaire ne va pas tout résoudre ». Pour lui, la meilleure solution est africaine. D’où son appel aux acteurs pour un soutien à cette initiative. Dans le même chapitre de guerre, l’Allemagne a condamné énergiquement l’abattage des animaux, particulièrement les okapis, dans leurs réserves naturelles. Elle invite ainsi le gouvernement congolais à renforcer les mesures sécuritaires dans ces coins du pays sinistrés et d’amener le responsable, Morgan, et ses complices à la justice.

Plaidoirie pour l’amélioration du climat des affaires

Soulignant par ailleurs que les relations entre les deux pays sont très bonnes, surtout sur le plan économique, le diplomate a rappelé que l’Allemagne apporte une aide considérable de 239 millions d’Euros par an à la RDC. Ses priorités étant essentiellement axées sur des programmes liés à la protection de la biodiversité et forêts, l’amélioration de la gouvernance dans le secteur des matières premières, le meilleur accès à l’eau potable, ainsi que l’amélioration de l’efficacité et la capacité du secteur financier, l’Allemagne s’implique aussi dans les énergies renouvelables, la réintégration de jeunes défavorisés, la dotation d’un fonds pour la consolidation de la paix, la reconstruction après une catastrophe naturelle, l’aide humanitaire transitoire, la réhabilitation d’Inga 2 et de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Goma, la coopération culturelle, etc.

En somme, il faut retenir que les travaux de la piste de Goma sont bien avancés car la lave ayant été totalement libérée, une entreprise est chargée de paver actuellement la piste et de l’asphalter. Quant à Inga 2, l’initiative a été prise de réhabiliter la turbine grâce à l’appui de plus de 40 millions d’Euros. Néanmoins, Peter Blomeyer a une nouvelle fois plaidé pour l’amélioration du climat des affaires afin d’encourager les investisseurs allemands à venir au Congo. « Le plus grand problème, c’est l’administration. Il faut l’avoir accueillante et exempte des tracasseries. Le gouvernement a levé l’option de s’y attaquer, les beaux mots doivent se concrétiser sur terrain… », a-t-il clamé.

Concernant enfin la crise dans la zone euro, l’ambassadeur est d’avis qu’il faudrait continuer avec des programmes de consolidation des budgets, en venant en aide aux pays en situation difficile sur fond la poursuite des réformes. « Il ne faut pas étouffer l’économie. La croissance oui, mais pas avec des dettes... », a-t-il conclu.

Tshieke Bukasa/Le Phare