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"KAISAPOLYBLOG" " BLOGGLOBTROTTEUR "
23 mars 2013

RDC: Ntaganda, double masque pourtant, Rwandais

 

Ntaganda, un gros gibier Rwandais sous drapeaux congolais, dans les filets de la toile d´araigné
 Ntaganda frappe à la porte de la CPI
 
 double masque

PAUL MULAND, Vendredi, 22 Mars 2013 


Des officiers proches de Bosco Ntaganda ont pris de l’avance sur le nouveau chef du M-23, le Colonel Sulutani Makenga. Pendant que celui-ci négocie encore les conditions de sa réintégration et ses hommes dans les FARDC, le major ntagandiste Kiroko et le capitaine Sadiki de la même obédience séjournent déjà à Kinshasa où ils ont pris langue avec les autorités. 

Les deux hommes sont comptés parmi les officiers ntagandistes qui s’étaient rendus à la MONUSCO. Ils sont arrivés, selon des sources recoupées, dans la capitale, il y a 72 heures. Ils ont été logés la première nuit au Grand Hôtel Kinshasa, puis une superbe villa a été mise à leur disposition. Pour l’heure, leur séjour est agréable, agrémenté qu’il est avec viatique et autre nécessaire. Le troisième, le Colonel Masozera s’est rétracté à la dernière minute pour faire le voyage avec ses compagnons. “Douglas Kiroko est un officier très influent dans les rangs des officiers et des hommes de Bosco Ntaganda. 

Nul doute que Kinshasa cherchera à l’utiliser pour persuader les autres de réintégrer les FARDC”, explique un ancien officier ex-CNDP reconverti dans la Police. Peut-être que les choses pourront aller vite de ce côté. De l’autre côté avec Makenga, les négociations piétinaient. La partie rebelle a monté les enchères vraisemblablement à l’instigation de Kigali passé maître dans l’art de souffler le chaud et le froid. Cas typique, le revirement de Paul Kagame pour coopérer au transfèrement de Ntaganda à La Haye après avoir affirmé que cela ne dépendait que des Américains. Ntaganda lui-même a été victime de la même politique de la part de ses parrains rwandais. Ses proches rapportent que c’est tard qu’il a compris que le Rwanda était entrain de monter les officiers du M-23 les uns contre les autres. Quand il l’apprend, il commet l’erreur d’appeler James Kaberebe, ministre de la Défense du Rwanda, à qui il a dit qu’il rendra ce qu’ils sont entrain de lui faire. C’était le mot de trop. Une menace pas assez voilée pour amener l’autre partie à se convaincre que le protégé est devenu incontrôlable, donc dangereux. Déjà que, selon les mêmes sources, Ntaganda envisageait au pire des cas de passer une alliance avec le Général Cheka, à la tête d’un groupe armé mêlé des FDLR et des Maï Maï. 

Tout comme il pouvait être tenté de pactiser avec le mouvement pro-Kayumba encore à un stade embryonnaire. Une sérieuse menace face à laquelle les autres n’ont pas trouvé d’autre parade qu’anéantir un homme devenu encombrant avec un mandat de la CPI sur le dos. D’où la consolidation décidée de l’aile de Makenga avec des renforts venus de l’autre côté de la frontière. 

Les hommes de Ntaganda se retrouveront encerclés avec seule issue de battre en re-traite au Rwanda. Lui-même s’est échappé juste en compagnie de quelques proches, notamment Nzimurinda, Kagabo pour se cacher dans la forêt avec quelques 36 hommes de troupe seulement. C’est alors que Muhire de la Sécurité extérieure du Rwanda a pris contact avec lui pour lui faire entendre raison. C’est le même Muhire qui est venu le chercher avec ses compagnons pour les convoyer jusqu’au Kanombe à Kigali. 

Là, un autre officier rwandais en scène, le Général Charles Kayonga. Il embarque Bosco Ntaganda à bord de sa Jeep Lexus type Land-Cruiser. Pour un tête à tête avec James Kaberebe. Qui se met à expliquer Ntaganda qu’avec tout ce qu’il a fait, il ne mérite de se réduire à une vie d’hermite dans la forêt où il risque de connaître une mort sans gloire. Puis il donne des assurances. Comme quoi que son gouvernement a examiné, avec le concours des Américains, son dossier CPI sous toutes les coutures et qu’il n’y a pas trouvé de quoi l’inculper. Lui Bosco n’était que la troisième personnalité de l’UPC, donc un simple exécutant aux ordres des politiques. Si son chef Thomas Lubanga s’en est tiré avec quelques 14 ans d’emprisonnement dont plus de la moitié déjà purgé en détention et que Matthieu Ngodjulu a été simplement et purement acquitté, il y a donc lieu d’envisager un non-lieu pour le tombeur de Laurent Nkunda à qui ses mentors se réservent aujourd’hui quasiment le même sort. Au passage, d’autres garanties ont consisté à le rassurer que sa femme et ses enfants ne seront pas délaissés dans l’entre-temps. Aussi qu’il allait être mis à disposition les meilleurs avocats et que le Rwanda mettra tout en œuvre pour qu’il ne se fasse pas condamner. 

En tout cas pas lourdement. Bosco Ntaganda a-t-il dit oui expressément ou n’avait-il plus le choix? Sur ces entrefaites, un appel a été donné au conseiller militaire de l’ambassade des Etats-Unis à Kigali pour concrétiser la démarche. A bord du même 4x4 du Général Kayonga, Bosco Ntaganda a effectué le voyage pour son lieu d’asile. 

Sa capitulation forcée a beaucoup affecté des officiers rebelles chez les Ntagandistes comme les Makengistes. Les uns et les autres ont compris qu’ils ont le dindon de la farce. Un instrument que le Rwanda utilise pour s’en débarrasser très vite et sans remords lorsque la donne change.  Qu’importe si ceux qui se tirent dessus sont des cousins germains comme Baudouin Birinda et son ancien chef Makenga. A Kinshasa de tirer parti de cet état d’esprit pour une ouvrir une nouvelle perspective avec tous ces professionnels de la guerre inféodés au Rwanda. Pendant que nous allions sous presse, la rédaction de “CONGONEWS” a appris d’une source digne de foi que Baudoin Birinda, ex-second de Makenga, Nzimurinda et les autres cantonnés au Camp Kanombe étaient acheminés, dans le Sud du Rwanda, Gikongoro.
 
PAUL MULAND

La CPI confirme la nationalité rwandaise de Ntaganda

Le Potentiel, le jeudi 21 mars 2013 


La nationalité rwandaise de Bosco Ntaganda, général radié des Forces armées de la RDC depuis juillet 2012, ne fait l’ombre d’aucun doute. La CPI, qui l’attend à La Haye avant la fin de cette semaine, le considère comme citoyen rwandais à part entière. Ce qui a obligé le président Paul Kagame à se démarquer de sa ministre des Affaires étrangères en promettant toute la collaboration de son pays au transfèrement de Ntaganda à la CPI. Cela étant, Kinshasa devrait saisir l’opportunité pour nettoyer les écuries de la défense et de la sécurité.
Plus de doute possible sur la nationalité rwandaise du général renégat Bosco Ntaganda, présentement en exil dans l’ambassade des Etats-Unis au Rwanda. La Cour pénale internationale qui a dépêché sur place à Kigali une équipe de ses experts pour son transfèrement à La Haye confirme sa citoyenneté rwandaise. Le mandat d’arrêt de la CPI dit que Bosco Ntaganda est né à Ruhengeri, une ville du Nord-est du Rwanda. 
Mis devant un fait accompli, Paul Kagame a vite fait de reconsidérer les déclarations de sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mishikiwabo, et promis de « travailler pour faire en sorte que tout ce dont l’ambassade américaine a besoin en lien avec l’affaire Bosco Ntaganda soit mis en œuvre aussi rapidement que possible ». 
Pour rappel, le mardi 19 mars, 24 heures après la reddition de Ntaganda aux autorités américaines, Louise Mishikiwabo déclarait que son pays, le Rwanda, n’avait aucun lien avec l’affaire Ntaganda. Selon elle, cette affaire était de la compétence des Etats-Unis qui détenaient le suspect, de la RDC, pays d’origine du suspect, et de la CPI qui recherche le suspect. Pendant tout ce temps, le département d’Etat américain ne cessait de solliciter la collaboration des autorités rwandaises pour l’aboutissement de ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire Bosco Ntaganda ».
Cette évolution de l’affaire appelle des questions. Qui ou qu’est-ce qui a pu faciliter l’intégration de Bosco Ntaganda dans les Forces armées de la RDC ? A ce jour, combien d’autres « Ntaganda » compte-t-on encore autant dans les FARDC que dans les services de sécurité ou autres institutions congolaises ? Les services compétents ont du pain sur la planche. Le but étant de ne pas tomber dans les mêmes erreurs.   
Kampala : mêmes causes, mêmes effets
 
L’erreur est humaine mais persévérer dans l’erreur est diabolique, dit un adage latin. Il y a trois mois, le gouvernement a engagé à Kampala des pourparlers avec le M23. Ces négociations directes visaient la fin de la situation de guerre qui prévaut dans l’Est du pays avec toutes les complicités internes et externes que l’on connaît.  La date prévue pour les conclusions de ces pourparlers, à savoir le 15 mars 2013, est passée sans que l’on sache ce qu’il faut en retenir. 
Pendant ce temps, le M23 s’est scindé en deux branches, l’un dirigée par l’ancien président Jean-Marie Runiga, l’autre par le nouvel homme fort Sultani Makenga. Des sources concordantes rapportent que Kinshasa serait prêt à signer avec l’aile de ce dernier, réputé colombe et coopératif.  Jean-Marie Runiga se serait disqualifié en s’alliant à l’actuel baudet dont le transfèrement à La Haye n’est plus qu’une question de jours. 
Mais, qui est donc ce Sultani Makenga ? Le 6 juillet 2012, le Conseil supérieur de la défense tenu à Kinshasa sous la direction du chef de l’Etat, décide de la radiation au sein des FARDC d’un certain nombre d’officiers supérieurs et généraux ayant rejoint les rangs du M23. Au nombre de ces officiers radiés, se trouvent repris en gras le Colonel Ruzangiza, alias Sultani Makenga ; le général Bosco Ntaganda, présenté comme autorité morale du M23, et le colonel Vianney Kazarama, alors porte-parole du M23. Ces radiations sont contenues dans un communiqué du Conseil supérieur de la défense signé par le vice-Premier ministre, ministre de la Défense, Alexandre Luba Ntambo.  
Qu’est-ce qui a changé entre-temps pour que Sultani Makenga, de son vrai nom Ruzangiza (cf. Conseil supérieur de la défense), devienne candidat une éventuelle intégration dans les FARDC ? Son identité, mieux sa nationalité, a-t-elle cessé d’être douteuse ? Non seulement lui, mais il y a également un certain nombre d’officiers du M23, précisément l’aile qu’il dirige depuis peu, qui pourraient être intégrés dans les FARDC.
Azarias Ruberwa, ancien vice-président et ex-président du RCD, a dernièrement déclaré que le gouvernement n’avait pas de choix s’agissant de l’intégration des éléments du M23 dans l’Armée nationale. Comment peut-il être aussi si sûr de cette éventualité ? Peut-être s’est-il dit que les conclusions de Kampala auraient de la suprématie sur les institutions nationales. Si la délégation du gouvernement a la même approche de Kampala, il y a lieu d’attester la thèse de la mise sous tutelle de la RDC. 
A-t-on réellement tiré les leçons de Bosco Ntaganda ? Celui-là même qui a longtemps été présenté comme citoyen congolais jusqu’à porter les galons les plus élevés dans les FARDC, mais que la très réputée CPI présente sans broncher comme citoyen rwandais à part entière. Y a-t-il encore une raison de croire à tout le processus mené depuis le CNDP dans l’Est de la RDC par voie d’intégration, mixage ou brassage ? 

Tout compte fait, l’on se rend bien compte aujourd’hui que c’est la RDC qui a perdu sur toute la ligne. D’abord, son honneur en intégrant dans les rangs de ses forces armées des étrangers qui n’ont jamais travaillé pour la défense de sa souveraineté. Par après, c’est sa dignité en tant qu’Etat indépendant et souverain qui est toujours bafoué. Et ce n’est pas de la stigmatisation. Mais, c’est plutôt une réalité qui doit révolter et qui devait, selon toute vraisemblance, éviter la RDC de retomber dans les mêmes travers.
Makenga, celui avec qui Kinshasa se prépare à conclure un accord de paix, avec possibilité d’une reconnaissance de grades dans les FARDC, est dans le schéma de Bosco Ntaganda. Il est sous les projecteurs des Nations unies. Et il n’est pas exclu que la CPI se saisisse de son cas très prochainement pour des crimes et exactions commis pendant qu’il commandait les opérations au sein du M23. Est-ce que le gouvernement s’y opposerait comme il l’avait fait pour Bosco Ntaganda à l’époque avant de tomber en disgrâce ? Soupape de sécurité, fusible pour la paix, toutes ces expressions se sont révélées, à la fin, creuses. 
En revanche, le cas Ntaganda doit plutôt éveiller l’attention du gouvernement en procédant à un recensement au sein des FARDC et, par ricochet, dans toutes les structures de sécurité du pays. Ce ne serait pas un crime de lèse-majesté que de s’assurer de l’identité de ceux qui sont affectés dans différents services de défense et de sécurité de l’Etat. Kampala rappelle que les mêmes causes produisent les mêmes effets.   
Par ailleurs aujourd’hui, Ntaganda a été livré par ceux qu’il a toujours servis depuis des décennies. Ses parrains et autres principaux soutiens l’ont laissé choir comme un poisson pourri. Cette leçon est-elle comprise par tous ceux qui, en RDC, au Rwanda ou au Burundi, continuent de jouer le même rôle ? 

 Texte distrib: Kadari

   Publi-RFA: Kaisa Il.

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