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"KAISAPOLYBLOG" " BLOGGLOBTROTTEUR "
14 avril 2013

RDC: ?

Motion contre Matata : la classe politique divisée
(Le Potentiel 13/04/2013) 


Si dans l’Opposition, la plupart des députés se montrent favorables à la censure initiée par le député UNC Jean-Baudouin Mayo Mambeke contre le Premier ministre Matata, dans la Majorité l’on est avare de commentaires. Sans doute, le temps de comprendre la stratégie adverse. Dans les deux camps, l’on affûte les armes pour l’éventuel affrontement en plénière. Cela au regard des réactions à chaud recueillies auprès de quelques députés nationaux.

La bataille s’annonce rude entre la Majorité et l’Opposition, après le dépôt au bureau de l’Assemblée nationale de la motion de censure du député UNC Jean-Baudouin Mayo Mambeke contre le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon. Dans l’un ou l’autre camp, la motion est interprétée de diverses manières. 
Si dans l’Opposition, d’où est issu l’initiateur de la motion, l’on se montre solidaire à la démarche du député UNC, dans la Majorité par contre, des langues ne sont encore prêtes à se délier. L’on cherche encore à pénétrer le mystère de cette motion. 

LA MAJORITE RESSERRE SES RANGS …

Député de la Majorité, l’honorable François Nzekuye ne renie pas la légitimité de l’action entamée par le député Mayo. Il voit cependant très mal la Majorité appuyer une telle initiative. « Il ne s’agit pas d’une motion de défiance, mais plutôt d’une motion de censure contre le gouvernement. Que quelques membres de la Majorité aient signé de même que ceux de l’Opposition est une chose qui arrive. Ce n’est pas un drame. Simplement, il faudrait savoir si la motion respecte la condition de fond et de forme. Au cas où aucune signature n’a été retirée, il faut donc en ce moment-là que la Majorité démontre qu’elle est cohérente au moment du débat et du vote ». 

Pour l’élu de Rutshuru, la motion de censure de l’honorable Mayo ne place pas en ballottage défavorable le Premier ministre Matata. « La motion de censure ne peut faire tomber le gouvernement, rappelle-t-il, que si elle obtient la participation de plus de la moitié des députés. Or, dans l’hémicycle du Palais du peuple, la Majorité présidentielle est constituée de plus de 350 députés nationaux. Donc, pour faire tomber un gouvernement avec cette Majorité, il faudrait un revers de médaille qui aura pour conséquence la perte de la Majorité parlementaire ».

Prenant le contrepied du motionaire, l’honorable Nzekuye déclare : « Nous sommes confiant en ce que le gouvernement de la République fait du bon travail, beaucoup mieux par rapport aux gouvernements précédents ». 

Pion majeur de la Majorité au sein de l’Assemblée nationale, l’honorable Christophe Lutundula s’est montré plutôt réservé, préférant lire davantage le contenu de la motion avant toute réaction. Il n’a pas cependant hésité à recadrer l’action entamée par l’honorable Mayo. Il salue l’initiative qu’il inscrit dans le cadre de « l’exercice normal de la démocratie qui fonctionne normalement en RDC». Il a insisté sur le fait qu’il faut, avant tout, « voir ce qui est repris dans la motion » et « établir quels sont les députés de la Majorité qui l’ont signée ». Dans la foulée, il a tenu à souligner que les députés de son groupe parlementaire n’ont pas signé la motion. 

Egalement membre de la Majorité au pouvoir, l’honorable Henri-Thomas Lokondo a dit n’avoir pas pris connaissance du texte de la motion. Même s’il est sûr de l’existence de ladite motion, il n’en connaît pas cependant « très bien les tenants et les aboutissants ». Aussi a-t-il jugé mieux de se taire, du moins pour l’instant. 

L’OPPOSITION PRETE A L’ASSAUT FINAL

Du côté de l’Opposition, le soutien semble acquis pour l’aboutissement de la motion de censure initiée contre Matata Ponyo. Le député UDPS Serge Mayamba persiste et signe qu’il ne s’agit pas d’ « une motion mort-née ». 

Selon lui, « nous qui avons signé, nous avons considéré qu’à partir du moment où nous avons signé, nous avons adhéré à l’action ». Contrairement aux députés de la Majorité qui, apparemment, n’ont aucune connaissance du contenu cette motion, Serge Mayamba en sait néanmoins quelque chose : « Nous soutenons cette motion du député Mayo parce que les points qui y sont inscrits sont liés aux intérêts de la population ».

Il se dit convaincu de la détermination de Majorité à vouloir faire au projet, toutefois, il estime qu’il ne s’agit pas là d’une occasion pour désarmer. « Je suis de ceux qui pensent que nous devons nous attendre à ce que la Majorité nous soutienne, car c’est une majorité qui subit une dictature latente », souligne-t-il. 

Serge Mayamba est d’avis que c’est vers le peuple que serait orientée la motion : « Le débat sur cette motion va constituer un moment opportun pour mettre sur la place publique tous les éléments liés à la violation de la Constitution, à la mégestion et à l’impunité ». 

Elu de Basankusu (Equateur) sous la bannière de l’UNC, Sam Bokolombe abonde dans le même sens que son collègue de l’UDPS, tout en se montrant incisif sur certains points. 

« Dans un contexte qui se veut démocratique, c’est un exercice normal de recevabilité gouvernementale devant la représentation nationale : répondre de la gestion de la République ». Il rappelle quelques griefs mis à charge du Premier ministre : « Tout le monde sait ce qu’il en est aujourd’hui de l’incurie dans la gestion de la res publica. Le pays connaît un problème réel de gouvernance qui se traduit dans le quotidien du Congolais. La paix n’équivaut pas à l’absence de guerre. A Basankusu, il n’y a aucun médicament contre la tuberculose et la lèpre. Le Premier ministre doit nous dire de quoi ça retourne. Gérer la République ne se réduit pas à la gestion du cadrage macroéconomique. Les données du cadrage doivent se traduire dans le sachet de la ménagère. La maîtrise des paramètres macroéconomiques ne se sent pas ». 

Il rebondit par la suite sur le mystère qui entoure encore la question du M23 et l’accord-cadre d’Addis-Abeba. « Le M23 est-il une force négative ? Nous constatons trop de contradictions dans la démarche de Kampala. Qui a négocié la résolution qui crée la brigade d’intervention de la Monusco ? L’accord-cadre est l’œuvre du secrétaire général des Nations unies et la résolution 2098 est une initiative de la France. La RDC tire profit d’une diplomatie rentière des intérêts objectifs dans lesquels les autres Etats se reconnaissent ».

Sa sentence est sans appel : « Nous sommes en face d’un gouvernement qui refuse d’exécuter un budget voté. Existe-t-il une raison pour qu’un budget voté au mois de janvier ne soit pas exécuté au mois d’avril ? Nous sommes dans un régime parlementaire, le Premier ministre doit répondre de sa gestion devant les représentants du peuple. Tel qu’il se comporte, l’actuel Premier ministre n’est pas digne d’être l’émanation de l’Assemblée nationale». Il n’a pas manqué de faire un appel du pied en direction de ses collègues de la Majorité : « Nous comptons sur le patriotisme de nos collègues de la Majorité. Jusqu’ici, on a attendu, observé, … Si le Premier ministre est surdoué, c’est dans un autre domaine, pas dans la gestion de la République ».

C’est dire que dans la classe politique, la motion de censure de l’honorable Jean-Baudouin Mayo est loin de faire l’unanimité. Est-ce que la Majorité pourrait tomber sous le charme de l’Opposition ? La semaine prochaine promet d’être riche en rebondissements.


Publié le samedi 13 avril 2013 00:30 
Écrit par LE POTENTIEL

 

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