Virage social pour Angela Merkel. La chancelière allemande a présenté ce mercredi les projets de son gouvernement, marqués par un souci de justice sociale. Elle a défendu une amélioration coûteuse des retraites, sévèrement critiquée par les milieux économiques, et l'introduction d'un salaire minimum.
Dans un discours d'une heure aux députés, la chancelière est revenue sur tous les chantiers qui attendent son troisièmegouvernement qui associe son parti conservateur avec les sociaux-démocrates depuis mi-décembre.
Le gouvernement Merkel III veut "mettre les gens au coeur de (son) action", a asséné Angela Merkel, énumérant ses projets: réforme des retraites, salaire minimum et double nationalité. S'exprimant assise, en raison d'une blessure au bassin contractée suite à une chute à skis durant ses vacances de Noël, elle a multiplié les références à l'"économie sociale de marché" chère aux Allemands, qui allie liberté d'entreprendre et Etat-providence fort.
Le conseil des ministres a approuvé un projet de réforme qui abaisse l'âge de la retraite à 63 ans pour les actifs ayant cotisé 45 ans. Elle revient ainsi partiellement, sous la pression des sociaux-démocrates, sur une grande réforme de son premier gouvernement avec les sociaux-démocrates (2005-2009). En 2007, c'est une "grande coalition" dirigée par Mme Merkel qui avait décidé le passage de l'âge d'entrée en retraite à 67 ans.
Autre "touche" sociale, les mères de famille vont toucher plus de retraite, un sujet cher aux conservateurs. En tout, la réforme coûtera 60 milliards d'euros d'ici 2025, une dépense justifiée par un souci d'"humanité" selon la chancelière. "L"humanité d'une société se manifeste dans sa manière de traiter les plus faibles, les vieux et les malades", a concédé Angela Merkel.
La réforme des retraites est pourtant très critiquée en Allemagne par la plupart des médias et les milieux d'affaires. Elle "instaure un déséquilibre en défaveur des jeunes générations" et constitue "une rechute dans les travers de la retraite anticipée", pour le président de la fédération des employeurs BDA, Ingo Kramer.
La "grande coalition s'occupe surtout des vieux, parce que les électeurs sont de plus en plus vieux", a critiqué le quotidienFrankfurter Allgemeine Zeitung.
Même le prédécesseur d'Angela Merkel, l'ex-chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, s'en est mêlé. Il a dénoncé, selon des propos cités par Bild, une réforme qui envoie "complètement le mauvais signal" aux partenaires européens à qui l'Allemagne réclame depuis le début de la crise de douloureux ajustements structurels.
"Chacun doit faire ce qu'il a à faire chez lui", a d'ailleurs répété la chancelière, soulignant une nouvelle fois que seules des réformes de structures peuvent "faire sortir l'Europe de la crise plus forte qu'elle n'y est entrée" et permettre une Europe "plus juste", a-t-elle dit.
Angela Merkel a par ailleurs réaffirmé l'intention du gouvernement d'introduire à partir de 2015 un salaire minimum de 8,50 euros bruts de l'heure, parce qu'"aucune personne ayant un coeur ne peut rejeter l'idée d'un salaire minimum" - même si elle-même n'y a consenti qu'à contre-coeur sous la pression de ses alliés.
Les réformes du marché du travail mises en place par Gerhardt Schröder à partir de 2005, un facteur essentiel des succès économiques du pays aujourd'hui, ont conduit à des "abus" que son gouvernement veut corriger, a-t-elle dit, évoquant par exemple des règles plus strictes sur le travail intérimaire.
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