Avec agences et notre correspondant à Sao Paulo, Martin Bernard
C’est un nouveau rebondissement, mais il s’agit d’une décision provisoire qui peut être modifiée à chaque instant et cette querelle juridique pourrait s’éterniser. Les événements se sont accélérés ce mercredi soir et le Brésil s’enfonce dans la crise politique. Des écoutes téléphoniques effectuées par la justice brésilienne ont été rendues publiques mercredi soir, dans lesquelles il semblerait que la présidente Dilma Rousseff offre à Lula le moyen de se protéger de la justice.
Lula vient d’être nommé ministre à un rang très élevé au gouvernement, l'équivalent de Premier ministre dans le pays. Il semblerait qu’il y ait plusieurs interprétations sur ce dialogue entre la présidente et l’ancien chef de l’Etat. Dilma Roussef a adopté un ton très combatif, lors de la prise de fonction de Lula, ce matin. Elle a déclaré que les putschistes ne la feraient pas « dévier de cap , ni mettre à genou le peuple », alors que les militants dans la salle, au palais présidentiel, criaient : « Il n’y aura pas de coup d’Etat ».
La population manifeste depuis ce mercredi partout dans le pays. Cela continue dans plusieurs villes. A Brasilia, la capitale, il y a eu des affrontements, la cavalerie a dû être mobilisée pour séparer les partisans des deux camps. A Sao Paulo, des manifestants se pressent devant le siège du patronat de la fédération des industries de l’Etat de Sao Paulo. Une grande banderole avec écrit « démission maintenant » a été déployée.
Le gouvernement fait appel
L'avocat général de l'Union (Brésil), José Eduardo Cardozo, a annoncé avoir fait appel de la décision d'un juge de première instance qui a suspendu dans la matinée la nomination de l'ex-président Lula comme ministre clé de la présidente Dilma Rousseff.
« Il n' y a pas de détournement de pouvoir » dans le choix de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) et « la raison de sa nomination n'est pas de le soustraire à une enquête », a assuré José Cardoso, ex-ministre de la Justice de Rousseff.
Les députés veulent destituer Dilma Rousseff
Les parlementaires ont élu une Commission spéciale de 65 députés, qui sera chargée de rédiger un rapport préconisant ou non la poursuite de la procédure de destitution lancée contre la présidente, accusée par l'opposition de maquillage des comptes publics en 2014, l'année de sa réélection, et début 2015.
Ce rapport sera ensuite soumis à l'Assemblée plénière du Congrès des députés où un vote des deux tiers (342 sur 513 députés) serait nécessaire pour prononcer la mise en accusation de la présidente devant le Sénat. Dans le cas contraire, la procédure serait enterrée.
En cas de mise en accusation, Dilma Rousseff serait écartée provisoirement de ses fonctions pendant 180 jours au maximum. Deux tiers des voix des sénateurs (54 sur 81) seraient requises pour la destituer immédiatement, faute de quoi elle réassumerait immédiatement ses fonctions.