Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
"KAISAPOLYBLOG" " BLOGGLOBTROTTEUR "
29 avril 2014

John Kerry au chevet de la RDC?

Publié le 28 avril 2014
Écrit par Le Potentiel
http://fr.africatime.com/sites/default/files/styles/large/public/photo-articles/2014/avr/john_kerry.jpg?itok=jy86ViOd
Trois capitales sont ciblées par la visite du secrétaire d’Etat Kerry sur le continent : Addis-Abeba, Kinshasa et Luanda. Sur le plan de la symbolique, l’arrivée d’une telle personnalité de l’administration américaine à Kinshasa démontre l’attention qu’accorde le président Obama au pays de Joseph Kabila. La  stabilité, la démocratisation et le respect de la Constitution actuelle sont des préoccupations constantes des USA en ce qui concerne la RDC. L’escale kinoise semble être le clou de la tournée.
 
Après l’Asie et l’Europe, le secrétaire d’Etat américain John Kerry entame dès ce 29 avril jusqu’au 5 mai prochain une tournée africaine dans trois capitales, à savoir, Addis-Abeba (Ethiopie), Kinshasa (RDC) et Luanda (Angola) ! L’étape de la capitale congolaise est programmée le 2 mai 2014.
 
L’annonce est faite par Jen Pseki, porte-parole du département d’Etat, dans une déclaration datée du 25 avril 2014. Le document donne également les motivations qui sous-tendent ladite tournée. Celle-ci sera centrée essentiellement sur le développement démocratique, la promotion et le respect des droits humains, les voies et moyens de faire progresser la paix et la sécurité.
 
Au cours de son déplacement, John Kerry  va « consulter la société civile ainsi que des jeunes leaders africains qui, selon lui, façonneront l'avenir du continent ». Or, dans le cas d’espèce, la société civile congolaise s’est dernièrement prononcée clairement sur les enjeux de l’heure, notamment sur la révision constitutionnelle et l’organisation du referendum y relatif.
 
Il va de soi que les USA tournent désormais leur regard vers les secteurs productifs. Aussi le secrétaire d’Etat mettra un accent particulier sur « la promotion du commerce, des investissements et des partenariats de développement en Afrique ».
 
Pour réussir un tel défi, les USA s’accordent sur la nécessité d’instaurer une paix, une stabilité permanente. Les Grands lacs africains qui ont fait l’objet d’un accompagnement américain suivi et intense, constitue un espace propice à la matérialisation rapide de la stratégie américaine. Le défi sécuritaire étant en voie d’être relevé, l’administration Obama est d’avis que d’autres leviers ne devraient être ignorés. 
 
Dans la traque contre le M23, l’appui diplomatique américain s’était manifesté à travers l’appel à l’abstinence lancé en direction de Kigali et Kampala de manière claire, très peu diplomatique et ferme. A coup des communiqués, le département d’Etat et la Maison blanche l’ont fait savoir. Conséquence, l’offensive des FARDC soutenue par la Brigade spéciale d’intervention de la Monusco a fait parler la poudre. La puissance de feu était telle qu’en moins de dix jours, le M23 est tombé comme un fruit mûr. La démonstration de l’implication étrangère s’est faite sans un déploiement excessif. Des coups de fils bien ciblés ont fait tout le travail.
 
De même, Washington marque sa détermination sans équivoque dans la traque de la LRA ougandaise. Des forces spéciales américaines sont opérationnelles depuis un temps pour localiser et neutraliser le chef rebelle en vue d’anéantir définitivement son groupe terroriste classé force négative.

La paix pour des investissements
 
La stratégie de Barack Obama pour l’Afrique est de définir des mécanismes qui favorisent le traitement d’égal à égal entre Etats. En vue de contrer l’avancée fulgurante des émergents, les USA ont décidé de prendre pied en RDC pour réaliser des affaires. Le nettoyage pour lequel les USA ont décidé d’apporter leurs appuis politique et diplomatique vise justement à créer un environnement favorisant les affaires. Le potentiel pour la RDC est bien là. Il ne reste qu’à le valoriser avec des apports financiers appropriés. Une fois l’instabilité permanente à l’Est terminée, toutes les sources sont unanimes sur la volonté américaine d’encourager et d’accompagner les affaires dans la région des Grands lacs africains. Or, rien ne peut se faire dans cette région sans que la RDC ne soit bénéficiaire en grande partie.
 
Il est acquis que là où les affaires prospèrent, les bruits de bottes sont plutôt rares. La paix contre les investissements est la stratégie gagnante et pacificatrice. Les USA sont en train de l’imposer à toutes les parties. La paix est voulue aux frontières, mais aussi à l’intérieur des Etats. Pour cette raison, la démocratie fait aussi partie intégrante de la stratégie voulue globale.
 
Aussi la déclaration du porte-parole  du département d’Etat américain note-t-elle qu’ «  A Kinshasa, le Secrétaire d’État rencontrera le Président Kabila pour voir dans quelle mesure la démocratisation et la stabilité de la République démocratique du Congo peuvent être davantage encouragées en assurant que les élections à venir seront crédibles et organisées en temps opportun, dans le respect de la Constitution actuelle». 

L’implication du leadership angolais
 
Sur le plan géostratégique, l’Angola est un allié américain de taille dans la sous-région. Non seulement, pour son pétrole mais aussi pour son rôle stabilisateur grâce à sa puissante armée. Une armée aguerrie et capable d’imposer la paix sur le terrain. D’où l’escale de Luanda, qui est complémentaire au passage de Kinshasa. Les présidents Dos Santos et Joseph Kabila dont les relations sont au beau fixe, seront donc sensibilisés sur les tenants et aboutissants de la nouvelle diplomatie américaine, affirme un analyste de Kinshasa.
 
Les USA, qui n’ont plus comme vocation d’être sur le terrain partout, chercheraient à obtenir la sous-traitance angolaise dans le cadre de la CIRGL afin que la paix et la stabilité deviennent une réalité dans les Grands Lacs. En cette matière, Luanda et Washington disposent des références historiques. C’est en concertation que les deux capitales ont eu raison du rebelle Savimbi. La réactivation d’un deal du genre pour tirer les Grands Lacs du cycle des violences n’est pas exclue à ce stade.

Encadré
Déclaration de Jen Pseki, Porte-parole du département d’Etat
 
Le Secrétaire d'Etat John Kerry visitera Addis-Abeba (Éthiopie), Kinshasa (République démocratique du Congo) et Luanda (Angola) du 29 avril au 5 mai pour encourager le développement démocratique, promouvoir le respect des droits humains, faire progresser la paix et la sécurité, et consulter la société civile et les jeunes leaders africains qui façonneront l'avenir du continent et s'attèleront à la promotion du commerce, des investissements et des partenariats de développement en Afrique.
 
La tournée du Secrétaire d’État mettra aussi l'accent sur l'investissement multiforme des États-Unis dans le Plan présidentiel d'urgence de lutte contre le SIDA (PEPFAR).
 
A Addis-Abeba, le Secrétaire d’État Kerry convoquera conjointement la Quatrième Session du Dialogue de haut niveau des États-Unis et de l'Union Africaine et examinera un ensemble de questions qui sont au cœur même de notre partenariat avec cette organisation. Le Secrétaire d'Etat Kerry s'entretiendra avec le Premier Ministre Hailemariam Desalegn et le Ministre des Affaires Étrangères Tedros Adhanom au sujet des efforts nécessaires pour faire avancer la paix et la démocratie dans la région, et renforcer les domaines importants de coopération bilatérale avec l’Éthiopie.
 
A Kinshasa, le Secrétaire d’État rencontrera le Président Kabila pour voir dans quelle mesure la démocratisation et la stabilité de la République démocratique du Congo peuvent être davantage encouragées en assurant que les élections à venir seront crédibles et organisées en temps opportun, dans le respect de la Constitution actuelle. Le Secrétaire d’État félicitera le gouvernement de la RDC pour les progrès accomplis à l'égard de la neutralisation d'une partie des douzaines de groupes armés dangereux qui s'en prennent au peuple congolais.
 
A Luanda, le Secrétaire d’État félicitera le Président José Eduardo dos Santos pour le leadership de l'Angola à la tête de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et encouragera la participation personnelle soutenue du Président au processus de paix dans les Grands Lacs.
 
Le Secrétaire d’État Kerry sera par ailleurs accompagné par la Secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines, Linda Thomas-Greenfield, l'Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs et la République démocratique du Congo, Russell Feingold, et l'Ambassadrice itinérante chargée de la condition féminine dans le monde, Catherine Russell.
Kerry bientôt à Kinshasa :
Pourra-t-il étonner par des mots et des actes?
Baudouin Amba Wetshi 
Congoindépendant, 26 avril 2014 

Attendu la semaine prochaine dans la capitale congolaise dans le cadre d’une petite tournée africaine, le chef de la diplomatie américaine va fouler le sol congolais au moment où un sujet hautement politique occupe tous les esprits. A savoir : la résolution de «Joseph Kabila» à briguer un troisième mandat présidentiel au mépris du prescrit constitutionnel. C’est le cas notamment du premier alinéa de l’article 70 de la Constitution dont la limpidité n’appelle aucune controverse : «Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois». Il faut être candide pour escompter un miracle avec la venue de l’émissaire US.

Addis-Abeba-Kinshasa-Luanda. Tel est l’itinéraire que suivra l’aéronef du «secretary of State». Dans une déclaration faite vendredi 25 avril, la porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki, a précisé que le but de cette tournée est de «promouvoir les droits de l’homme et faire avancer la paix». Au cours des entretiens que le numéro deux de l’Administration américaine aura avec ses interlocuteurs, celui-ci entend également «encourager le développement de la démocratie et faire avancer la paix et la sécurité» dans la région. Le chef de la diplomatie US compte également s’entretenir «avec la société civile et de jeunes dirigeants africains qui vont porter l’avenir du continent ». 

Dans la capitale congolaise, Kerry entend évoquer avec «Joseph Kabila» les opérations militaires en cours dans la partie orientale du Congo en vue de neutraliser les «dangereux groupes armés qui terrifient la population congolaise». Il sera également question de la «meilleure façon de faire progresser la démocratisation de la RDC et sa stabilité à long terme qui passe notamment par un processus électoral transparent et qui respecte les échéances».

"Conserver le pouvoir"

Le secrétaire d’Etat Kerry va fouler le sol congolais au moment où le feu couve au propre comme au figuré au sein du landerneau politique kinois. En cause, la volonté à peine dissimulée de «Joseph Kabila» de faire réviser la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat. 

Dans son allocution du 23 octobre 2013, l’homme invitait les deux chambres du Parlement ainsi que le gouvernement "à mener une réflexion prospective sur le mode de scrutin proportionnel". "Il y a lieu également, ajoutait-il, d’entrevoir les modalités pratiques d’organiser les élections provinciales au suffrage universel indirect, afin de minimiser le coût des opérations électorales". La volonté de se succéder à lui-même ne fait l’ombre d’aucun doute. Question : Pour réaliser quels objectifs qu’il n’a pu faire en treize ans?

Lors du mini-congrès du PPRD, le parti présidentiel, organisé du 12 au 14 avril dernier à Mbandaka, Evariste Boshab qui en est le secrétaire général n’est pas allé par quatre chemins en martelant à plusieurs reprises que «notre légitime ambition est de conserver le pouvoir». D’aucuns n’hésitent plus à suspecter  «Joseph Kabila» de préparer l’«apocalypse» au cas où cette ambition serait contrariée. 

On imagine que Kerry, tel un prédicateur, va rappeler au premier magistrat congolais cet extrait du discours prononcé, en août 2009, par Barack Obama lors de sa visite au Ghana : «L’Afrique a besoin des institutions fortes et non des hommes forts». Cette «évangile» selon Obama, est loin d’avoir changé face du continent noir. Les «mauvaises habitudes» des satrapes africaines ont la peau dure. De Bujumbura à Kigali en passant par Kampala et Kinshasa, tous les despotes rêvent de pérenniser leur régime. Seul le modus opérandi reste à définir.

Au Congo-Kinshasa "Joseph" et ses affidés entendent consulter le peuple par référendum. Les résultats d’une telle consultation ne font l’ombre d’un doute dans un pays où le chef de l’Etat a institutionnalisé la corruption. Sans oublier les intimidations. Des députés de la "majorité" sont souvent soudoyés pour voter certaines lois. 

Ce n’est pas la première fois qu’un secrétaire d’Etat US visite le Congo démocratique de «Joseph Kabila». Hillary Clinton s’y était rendu en août 2009. Elle avait visité notamment le camp de Mugunga aux environs de Goma où étaient hébergées des personnes déplacées dont des femmes victimes des violences sexuelles. Cinq années après, rien. C’est le silence plat. 

Coïncidence ou pas, le passage de Mme Clinton a eu lieu au lendemain de l’attaque de la ville de Mbandaka par des «insurgés» non autrement identifiés. Sous la signature de l’analyste Guillaume Lacaille, l’International Cris Group (ICG) publiait un communiqué alarmant sur la situation politique au Congo-Kinshasa : «La République démocratique du Congo risque de tomber dans l’anarchie si le gouvernement maintient sa tendance autoritaire». Il soulignait par ailleurs que «le pouvoir est centralisé à la présidence, les contre-pouvoirs sont quasiment inexistants, les libertés fondamentales sont fréquemment menacées, et le régime ne parvient pas à régler les conflits locaux». Aucun changement fondamental n’a lieu. Bien au contraire. Le régime use et abuse de son omnipotence. La Constitution est désacralisée par des violations incessantes.

Alternance démocratique

A l’époque où il était sous-secrétaire d’Etat aux Affaires africaines, Johnnie Carson a eu à effectuer, dès avril 2010, plusieurs voyages à Kinshasa et à Kisangani. Outre la visite des troupes de l’AFRICOM, le but de ces voyages était de promouvoir les objectifs de la politique africaine des Etats-Unis que sont : la démocratie, la bonne gouvernance, la paix et la sécurité ainsi que le développement économique. Carson n’a laissé aucun souvenir inoubliable. La démocratie, la bonne gouvernance, la paix et la sécurité n’ont connu aucune embellie. Sans doute faute de volonté politique mais aussi d’une certaine duplicité - connivence? - occidentale. Le «boss» de la diplomatie US pourra-t-il réussir là où Hillary Clinton et Johnnie Carson ont fait chou blanc? 

Dans une récente déclaration faite à «La Voix de l’Amérique», Russel D. Feingold, l’Envoyé Spécial des Etats-Unis d’Amérique dans les Grands Lacs semble répondre par l’affirmative. Il a dit haut et fort la nécessité pour le Congo-Kinshasa d’organisé «des élections libres, transparentes et équitables».
 
S’agissant de la volonté de «Joseph Kabila» de briguer un troisième mandat en 2016, Feingold est apparu tranchant :
 
 «Il n’y a pas de débat. La constitution est claire : le président ne peut faire que deux mandats. Cela doit être respecté. La constitution ne doit pas être changée par quiconque est au pouvoir. Je pense que c’est une mauvaise pratique. C’est important que les élections locales, provinciales et présidentielle soient achevées d’ici 2016 dans le respect de la constitution.»
 
Que ferait la puissante Amérique au cas où "Joseph Kabila" passait outre? John Kerry pourra-t-il surprendre les Congolais par des mots et étonner par des actes ? C’est à voir. 

On ne le dira jamais assez que les dirigeants américains ne descendront jamais dans les rues de Kinshasa pour empêcher "Joseph Kabila" d’instaurer une «présidence à vie». L’alternance démocratique sera assurée par les Congolais eux-mêmes ou ne le sera pas. Les pressions diplomatiques restent un appoint…
Baudouin Amba Wetshi , Congoindépendant, 26 avril 2014
Distribué par:
Mwalimu Kadari M. Mwene-Kabyana, Ph.D.
Publicité
Commentaires
Publicité